Essayer,
c’est essayer encore. C’est expérimenter par d’autres voies, d’autres
correspondances, d’autres montages. L’essai comme geste de toujours tout
reprendre. « On continue - courage ! - recommençons la lecture
! » Voilà bien ce que suppose tout essai qui se respecte : il n’y aura pas
de dernier mot. Il faudra encore tout démonter à nouveau, tout remonter. Faire
de nouveaux essais. Inlassablement relire, en somme. Mais qu’est-ce à dire,
sinon que la modestie et l’exigence mêlées dans la forme de l’essai font de
toute « reprise » l’acte de toujours tout réapprendre ? Comme
pour élever sa colère à la hauteur d’une connaissance méthodique et
patiente.
Reprendre et réapprendre sans relâche, pour mieux pourfendre la violence du monde inscrite dans ses images.
Reprendre et réapprendre sans relâche, pour mieux pourfendre la violence du monde inscrite dans ses images.
Georges Didi-Huberman, Remontages
du temps subi
La
distanciation crée des intervalles là où l’on ne voyait que l’unité, parce que
le montage crée des ajointements nouveaux entre des ordres de réalité pensés
spontanément comme très différents. Tout cela finit par désarticuler notre
perception habituelle des rapports entre les choses ou les situations.
Contrastes, ruptures, dispersions. Mais tout se brise pour que puisse justement apparaître l’espace entre les choses, leur fond commun, la relation inaperçue qui les enjointe malgré tout, cette relation fût-elle de distance, d’inversion, de cruauté, de non-sens.
Georges Didi-Huberman, Quand
les images prennent position