31 janvier 2013


            Essayer, c’est essayer encore. C’est expérimenter par d’autres voies, d’autres correspondances, d’autres montages. L’essai comme geste de toujours tout reprendre. « On continue - courage ! - recommençons la lecture ! » Voilà bien ce que suppose tout essai qui se respecte : il n’y aura pas de dernier mot. Il faudra encore tout démonter à nouveau, tout remonter. Faire de nouveaux essais. Inlassablement relire, en somme. Mais qu’est-ce à dire, sinon que la modestie et l’exigence mêlées dans la forme de l’essai font de toute « reprise » l’acte de toujours tout réapprendre ? Comme pour élever sa colère à la hauteur d’une connaissance méthodique et patiente.
            Reprendre et réapprendre sans relâche, pour mieux pourfendre la violence du monde inscrite dans ses images.
Georges Didi-Huberman, Remontages du temps subi

            La distanciation crée des intervalles là où l’on ne voyait que l’unité, parce que le montage crée des ajointements nouveaux entre des ordres de réalité pensés spontanément comme très différents. Tout cela finit par désarticuler notre perception habituelle des rapports entre les choses ou les situations. 
            Contrastes, ruptures, dispersions. Mais tout se brise pour que puisse justement apparaître l’espace entre les choses, leur fond commun, la relation inaperçue qui les enjointe malgré tout, cette relation fût-elle de distance, d’inversion, de cruauté, de non-sens.     
Georges Didi-HubermanQuand les images prennent position