5 mars 2012


Rendre le langage possible signifie ceci : faire que les sons ne se confondent pas avec les qualités sonores des choses, avec les bruitages, avec leur fonctions et passions. Ce qui rend le langage possible, c’est ce qui sépare les sons des corps et les organise en propositions, les rend libres pour la fonction expressive. C’est toujours une bouche qui parle, mais le son a cessé d’être le bruit d’un corps qui mange, pure oralité pour devenir la manifestation d’un sujet qui s’exprime. C’est toujours des corps et de leurs mélanges qu’on parle, mais les sons ont cessé d’être des qualités attenant à ces corps pour entrer avec eux dans un nouveau rapport, celui de la désignation, et exprimer ce pouvoir de parler et d’être parlé.
Gilles Deleuze, Logique du sens

cécile grassin
Photo : JP Montagné

Ce qui érige le mot comme mot et le dresse debout au-dessus des cris et des bruits, c’est la proposition cachée en lui.

Michel Foucault, Les mots et les choses