10 février 2013


Dans une cité où les hommes libres se réunissent pour écouter et décider, celui qui parle fait appel au jugement, et pour cela il doit toucher. Parler c’est travailler avec l’ethos et le désir puisqu’il faut répondre à cette nécessité : quel caractère incarner pour mobiliser le désir de la communauté ?
Les grecs disposaient de deux lieux pour exercer cette parole : l’agora et le théâtre. Le théâtre, lieu où la communauté immobile et à distance va, là aussi, se trouver devant un spectacle qui va la toucher, la déplacer et organiser cette katharsis, cette clarification de quelque chose d’obscur dont le discours sur l’agora semble ne pas devoir s’occuper. Au contraire, il semblerait, à lire les textes grecs, que le théâtre ait eu une fonction extrêmement importante de clarification des aspects de la communauté, rendant d’autant plus opératoire la parole publique, pour que le politique et la communauté fonctionnent.
Marie-José Mondzain, Le commerce des regards